2.1.3 Divulgation de renseignements médicaux
Maggie Constantine, MD, FRCPC et Irene Sadek, MD, FRCPC
Objectifs d'apprentissage
- Comprendre les problèmes d'éthique liés à la divulgation de renseignements médicaux
- Déterminer les avantages et les préjudices potentiels de la divulgation de renseignements médicaux
- Examiner les méthodes possibles de divulgation de renseignements médicaux
Cas
À titre de résident membre du comité d'éthique de l'hôpital, vous êtes appelé à conseiller le directeur des transfusions sanguines au sujet du cas exposé ci après. Mme S, âgée de 45 ans, est actuellement hospitalisée pour une chimiothérapie pour le traitement d'une tumeur maligne. Dans le cadre de son traitement, Mme S a consenti à la transfusion de produits sanguins et elle en a reçu jusqu'à maintenant plusieurs unités.
Le test des acides nucléiques visant à détecter le virus du Nil occidental (VNO) a commencé à être effectué sur les dons de sang en juillet 2003 et il a été instauré par votre fabricant local de produits sanguins. Ce test vise à prévenir la transmission de l'infection par le VNO par les produits sanguins. Lorsqu'un donneur réagit positivement au test de dépistage du VNO, il ou elle est informé du résultat positif, et les produits correspondants sont mis en quarantaine et retirés ou, s'ils ont déjà été distribués à un hôpital, ils font l'objet d'un rappel. Dans le cadre de l'instauration de ce test dans les régions à forte activité du VNO, votre fabricant de produits sanguins a mis en quarantaine et rappelé les produits plasmatiques qui avaient été distribués à votre hôpital, afin de prévenir la transmission possible du VNO par ces produits non testés.
Lorsque vous êtes informé du rappel de produits sanguins, vous mettez immédiatement en branle le processus visant à retracer les unités visées. Malheureusement, seulement trois des huit produits sanguins ont pu être retournés au fabricant pour être détruits. Les cinq autres unités ont été transfusées à Mme S. Cette dernière demeure immunodéprimée à la suite de sa chimiothérapie, mais son état clinique est actuellement stable et bon.
La majorité des personnes infectées par le VNO sont asymptomatiques. Des symptômes se produisent chez environ 20 % des personnes infectées, et la manifestation la plus fréquente est une maladie fébrile aiguë dont les symptômes durent généralement de trois à dix jours. L'affection neurologique invasive est une manifestation beaucoup plus rare, qui survient dans moins de 1 % des cas et qui se caractérise par une encéphalite, une faiblesse musculaire, une paralysie flasque et d'autres anomalies neurologiques. Cette complication est plus répandue chez les patients immunodéprimés, et son traitement consiste essentiellement en un traitement de soutien.
Questions
- Le médecin a-t-il l'obligation éthique d'informer Mme S du risque potentiel, quoique non confirmé, que les produits sanguins qu'elle a reçus soient contaminés par le VNO?
- Quels avantages et préjudices pourraient résulter de la divulgation de cette information à Mme S?
- Existe-t-il des fondements éthiques qui justifieraient la dissimulation de l'information à Mme S?
- Si l'information doit être divulguée à Mme S, quels aspects devrait on aborder avec elle?
- Si l'information n'est pas divulguée à Mme S, quelles sont les solutions de rechange qui s'offrent?
- En quoi consiste le concept juridique de risque important, et comment ce concept s'applique t il dans le cas présent?
Discussion
Conclusion
En conclusion, le médecin a l'obligation éthique de maintenir avec le patient une relation ouverte, fondée sur l'honnêteté et la confiance. Il est important de respecter l'autonomie du patient pour s'assurer que celui-ci est en mesure de prendre des décisions éclairées au sujet de ses soins de santé. L'obligation éthique de divulguer des renseignements qui pourraient avoir des effets imprécis ou incertains sur le patient n'est pas toujours claire. Il faut cependant éviter que cette divulgation soit faite dans le but de « décharger » le médecin et il importe d'examiner avec soin les avantages et les préjudices potentiels de la divulgation.
Références
- American Medical Association http://www.ama-assn.org/ama/pub/category/2512.html
- Canadian Medical Association. CMA code of ethics (update 2004). Ottawa: Canadian Medical Association; 2004. Available from: http://policybase.cma.ca/PolicyPDF/PD04-06.pdf
- Beauchamp TL, Childress JF. Principles of biomedical ethics. 5th edition. New York: Oxford University Press; 2001.
- Picard EI. Legal liability of doctors and hospitals in Canada. 2nd edition. Toronto: Carswell Legal Publications; 1984.
Ressources
- Cantor MD. Telling patients the truth: a systems approach to disclosing adverse events. Quality and Safety in Health Care 2002; 11(1): 7–8.
- Disclosure and performance: expecting more, and better. CMAJ: Canadian Medical Association Journal 2005; 173(5): 457.
- Gallagher TH, Waterman AD, Ebers AG, Fraser VJ, Levinson W. Patients' and physicians' attitudes regarding the disclosure of medical errors . JAMA: Journal of the American Medical Association 2003; 289(8): 1001–7.
- Gold M. Is honesty always the best policy? Ethical aspects of truth telling. Internal Medicine Journal 2004; 34: 578–80.
- Hebert PC, Levin AV, Robertson G. Bioethics for clinicians: 23. Disclosure of medical error. CMAJ: Canadian Medical Association Journal 2001; 164(4): 509–13.
- Hingorani M, Wong T, Vafidis G. Patients' and doctors' attitudes to amount of information given after unintended injury during treatment: cross sectional, questionnaire survey. British Medical Journal 1999; 318: 640–1.
- Hobgood C, Peck CR, Gilbert B, Chappell K. Medical error — what and when: what do patients want to know? Academic Emergency Medicine 2002; 9: 1156–61.
- Kagan AR. Statistics is not a surrogate for judgement. American Journal of Clinical Oncology 2005; 28: 327–8.
- Kraman SS, Hamm G. Risk management: extreme honesty may be the best policy. Annals of Internal Medicine 1999; 131(12): 963–7.
- Meykens FJ, Hietanen P, Tannock IF. Talking to a patient. Journal of Clinical Orthodontics: JCO 2005; 23(19): 4463–4.