Créer une culture du bien-être en médecine

Recommandations du Groupe de travail sur le bien-être des médecins du Collège royal
   
     
         
 

ELLE CONTIENT DES RECOMMANDATIONS PRATIQUES FONDÉES SUR LES DONNÉES PROBANTES QUI AIDENT À CRÉER UNE CULUTRE DE BIEN-ÊTRE DES MÉDECINS

         

Quels sont les résultats du rapport?

Une des analyses contextuelles d’un programme de bien-être des médecins à travers le Canada révèle que beaucoup d’énergies, d’engagements et d’activités sont axés sur la santé et le bien-être des médecins, mais dans nombre des cas, les efforts sont en vases clos, en manque de ressources et fragmentés. Le groupe de travail chargé du bien-être des médecins a établi cinq principes directeurs et une série de quinze recommandations fondées sur les données probantes et harmonisées au référentiel de compétences CanMEDS, qui forment un guide complet du travail futur dans des domaines thématiques de conscience et développement, de durabilité et de soutien.

canmeds diagram

Sensibilisation et développement

Six recommendations de l’éducation pour accroître la sensibilisation et le besoin de développer des compétences.

Portent directement sur la manifestation 4.1 du rôle de professionnel : Démontrer une conscience de soi et gérer les facteurs pouvant influencer son bien-être et son rendement professionnel.

Durabilité

Cinq recommandations pour les programmes à assurer la durabilité et le maintien du bien-être.

Portent directement sur la manifestation 4.2 du rôle de professionnel : Gérer les exigences personnelles et professionnelles pour une pratique durable tout au long du cycle de vie professionnelle.

Soutien

Quatre recommandations pour accompagner les personnes en détresse, malades ou en crise tant au niveau individuel que professionnel.

Portent directement sur la manifestation 4.3 du rôle de professionnel: Promouvoir une culture favorisant l’identification des collègues en difficulté et offrant un soutien et une réponse à leurs besoins.

Que peut-on faire maintenant?

Les directeurs ou les directrices de programme, les membres du comité du programme de résidence, les éducateurs médicaux ou éducatrices médicales, les leaders des soins de santé, les médecins résidents, les étudiants en médecine, les responsables de l’agrément, l’équipe administrative hospitalière, les membres du comité du bien-être et toute autre personne intéressée au bien-être des médecins peuvent utiliser les quinze recommandations, qui sont associées à des exemples, afin de créer et d’améliorer des activités locales, régionales ou nationales qui répondent à des besoins particuliers des apprenants et des praticiens en médecine dans différents contextes et à chaque étape de leur carrière.

         

Quel est l’objectif à long terme de ces trouvailles?

L’engagement des leaders et des champions à tous les niveaux est requis pour changer les systèmes. Ce rapport vise à fournir des recommandations pour aider les leaders, les directeurs et directrices de programme et les formateurs et formatrices à exécuter les capacités et les manifestations du bien-être des médecins dans le cadre de leur rôle de professionnel de manière pratique et concrète dans leurs milieux cliniques et d’apprentissage. L’effort particulier investi dans des stratégies pratiques et réalisables permettra l’amélioration des résultats mesurables, qui pourraient à leur tour servir de base aux normes d’agrément futures. L’influence potentielle sur les normes d’agrément représente une piste prometteuse pour un changement de paradigme plus marqué de la manière dont le système des soins de santé tient compte du bien-être des médecins

Le Collège royal souhaite remercier les personnes suivantes qui ont contribué au développement de cette ressource :
Dre Leslie Flynn, Dre Erica Dance, Dre Caroline Gérin-Lajoie, Dre Amber Hastings-Truelove, Dre Mithu Sen, Dr Christopher Simon, et Dre Sarah Smith

Résumé

Les médecins sont exposés à un risque élevé d’effets indésirables sur leur santé et leur bien-être, y compris l’épuisement professionnel, la dépression et le suicide. De tels résultats ont des répercussions sur les médecins, les patients et les systèmes de santé, avec des liens vers une satisfaction compromise des patients, des erreurs médicales et une utilisation accrue des ressources. En 2005, les Associés du Collège royal ont pris un engagement durable envers la santé et le bien-être des médecins en l’ajoutant au Référentiel de compétences CanMEDS pour les médecins. L’ajout stratégique de compétences liées au bien-être des médecins signifie que tous les résidents des programmes canadiens doivent acquérir d’importantes compétences qui les aideront tout au long de leur carrière. Depuis l’ajout du rôle de professionnel en 2005 et la révision subséquente des compétences habilitantes en 2015, le Collège royal, de concert avec ses nombreux partenaires en formation médicale, continue de soutenir le développement d’une culture de bien-être en médecine. Les travaux du Groupe de travail sur le bien-être des médecins sont un exemple récent d’un engagement solide et continu envers le bien-être des médecins au Canada. Le présent rapport sur les travaux du groupe de travail cadre avec les améliorations apportées en 2015 à ces manifestations du rôle de professionnel.

Une analyse contextuelle des programmes actuels de santé des médecins au Canada révèle qu’une énergie, un engagement et une activité importants sont consacrés à la santé et au bien-être des médecins, mais que, dans bien des cas, les efforts sont isolés, sous-financés et fragmentaires. En examinant la situation dans son ensemble, au Canada et à l’étranger, le Groupe de travail a élaboré une série de 15 recommandations qui forment un guide complet pour les travaux futurs.

Ces 15 recommandations permettront la mise en œuvre des capacités et manifestations du rôle de professionnel en matière de bien-être des médecins de façon pratique et concrète. L’accent mis sur des stratégies pratiques et réalisables permet d’influencer la création de futures normes d’agrément et, par conséquent, de modifier la façon dont le système de soins de santé aborde le bien-être des médecins.

Nous espérons que les cinq principes directeurs du groupe de travail et les 15 recommandations fondées sur des données probantes et des exemples connexes seront utilisés par les directeurs de programme, les membres du comité du programme de résidence, les éducateurs médicaux, les chefs de file des soins de santé, les médecins résidents, les étudiants en médecine, les responsables de l’agrément, les administrateurs de l’hôpital, les membres du comité du bien-être et toute autre personne qui s’intéresse au bien-être des médecins. Elles visent à orienter l’élaboration ou l’amélioration d’initiatives locales, régionales ou nationales qui répondent aux besoins spécifiques des apprenants en médecine et des médecins en exercice dans différents contextes et à chaque étape de leur carrière.

Introduction

Les médecins sont exposés à un risque élevé d’effets indésirables sur leur santé et leur bien-être, y compris l’épuisement professionnel, la dépression et le suicide. De tels résultats ont des répercussions sur les médecins, les patients et les systèmes de santé, en plus d’entraîner une satisfaction compromise des patients, des erreurs médicales et une utilisation accrue des ressources. Le passage en faculté de médecine et la résidence sont des périodes particulièrement difficiles; cependant, il est essentiel de reconnaître que des problèmes peuvent survenir à toutes les étapes de la formation et de la pratique. Les facteurs qui influent sur le bien-être se manifestent au niveau de l’individu, de la culture professionnelle, du milieu de travail, de l’organisation et du système. Bon nombre de ces facteurs sont aggravés par la hausse des exigences du travail et la complexité croissante des environnements de formation et de pratique. La santé et le bien-être des médecins sont de nouveaux indicateurs de qualité, et il est essentiel que les leaders, les éducateurs et les autres intervenants s’en préoccupent tout au long du cycle de vie professionnelle.

De nombreux intervenants ont reconnu ces enjeux cruciaux et ont tenté de trouver des approches et des solutions pour y remédier. Trop souvent, ils travaillent en vase clos, avec des ressources limitées et sans établir de feuille de route fondée sur des données probantes et harmonisée avec les cadres existants (p. ex., le Référentiel de compétences CanMEDS pour les médecins). Des recommandations pratiques et concrètes s’imposent si l’on veut améliorer considérablement la santé et le bien-être des médecins au Canada. Ces recommandations doivent mettre l’accent sur la responsabilité partagée de la profession, des milieux d’apprentissage et cliniques, du système de santé et des individus de s’engager à promouvoir des comportements et des conditions de formation et de pratique qui optimisent la santé et le bien-être.

Compte tenu de la complexité de la santé et du bien-être des médecins et de la diversité des contextes d’apprentissage et de travail, il n’est pas surprenant qu’il n’y ait pas de définition globale et convenue du bien-être des médecins. Ce manque de définition est l’un des nombreux défis qui ont rendu difficile la coordination des efforts aux niveaux local, provincial et national pour améliorer les résultats clés. Afin de fournir un point de référence pour appuyer les recommandations du groupe de travail et favoriser l’uniformité, nous avons conceptualisé la santé et le bien-être dans son ensemble, conformément à la Politique sur la santé des médecins de l’AMC (2017) 1, comme suit :

 

...[englobant] la prévention et le traitement des problèmes aigus ou chroniques de chaque médecin, ainsi que l’optimisation des facteurs physiques, mentaux et sociaux interconnectés pour favoriser la santé et le bien-être. Attribuable à une gamme de facteurs personnels, professionnels et systémiques... la prise en charge de la mauvaise santé des médecins est de plus en plus comprise comme un ensemble de pratiques de gestion des risques, y compris l’utilisation de stratégies ancrées dans la psychologie organisationnelle et la médecine du travail, ainsi que l’intensification de la surveillance par les organismes professionnels et l’intégration du maintien de la santé personnelle comme compétence médicale de base.

 

Comme l’indique l’une des premières définitions contemporaines du bien-être des médecins publiées dans The Lancet (2009), il est également important de considérer le bien-être des médecins non seulement comme l’absence de maladie, mais aussi comme la capacité des médecins de s’épanouir dans leur vie personnelle et professionnelle 2. Pour une vue d’ensemble plus complète du paysage de la santé et du bien-être des médecins au Canada, veuillez consulter le document d’information de la Politique sur la santé des médecins de l’AMC 3.

Le contexte

Malgré l’importance accrue accordée au bien-être des médecins en tant que priorité au Canada, il n’existe pas de lignes directrices normalisées sur cet important volet de la pratique professionnelle compétente. Cela a des répercussions sur les éducatrices et éducateurs médicaux et les apprenantes et apprenants, les médecins, les leaders médicaux, les administratrices et administrateurs des soins de santé, les organismes de réglementation et les organismes de réglementation provinciaux et nationaux. Pour combler cette lacune, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada a formé un groupe de travail sur le bien-être des médecins afin d’élaborer des lignes directrices et des recommandations fondées sur des données probantes et éclairées sur les normes de santé et de bien-être des médecins pour la formation médicale et la pratique tout au long du cycle de carrière des médecins. Ces travaux s’harmonisent avec le Référentiel de compétences CanMEDS 2015 pour les médecins 4, qui définit et décrit sept rôles essentiels à l’optimisation du rendement des médecins, de la prestation des soins et des résultats des soins de santé. Dans ce cadre, l’une des principales compétences du rôle de professionnel est que « les médecins sont capables de démontrer un engagement envers la santé et le bien-être des médecins afin de favoriser la prestation de soins optimaux aux patients ». Les manifestations associées à cette compétence clé permettent de s’attendre à ce que les médecins soient capables de :

 

  • démontrer une conscience de soi et gérer les facteurs pouvant influencer son bien-être et son rendement professionnel;
  • gérer les exigences personnelles et professionnelles pour une pratique durable tout au long du cycle de vie professionnelle;
  • promouvoir une culture favorisant l’identification des collègues en difficulté et offrant un soutien et une réponse à leurs besoins.

 

Le présent rapport a pour but de fournir des recommandations qui aideront les leaders, les directrices et directeurs de programme et les éducatrices et éducateurs à mettre en œuvre les capacités et les manifestations du rôle de professionnel en matière de bien-être des médecins, de façon pratique et concrète, dans leurs environnements cliniques et d’apprentissage. L’élaboration de stratégies de programmation pratiques et réalisables permettra d’obtenir des résultats mesurables. Cela pourrait aussi éclairer la création de futures normes d’agrément. La possibilité d’influencer les normes d’agrément laisse présager un changement de paradigme plus radical dans la façon dont le système de soins de santé aborde le bien-être des médecins.

Apporter des changements aux systèmes exige un engagement de la part des équipes de directions et des championnes et champions de tous les niveaux de l’organisation. Cet objectif et ces compétences recoupent de multiples aspects du rôle de leader. Il s’agit notamment des concepts clés de la contribution à l’élaboration et à la prestation de soins de santé qui s’améliorent continuellement, de la démonstration d’un leadership dans la pratique professionnelle et de la gestion de la pratique afin de maintenir une pratique durable et la santé personnelle.

Lignes directrices

Un ensemble de cinq principes directeurs ont guidé les recommandations et les lignes directrices sur les pratiques exemplaires présentées dans le présent rapport. Elles définissent les valeurs communes des professionnels de la santé et peuvent servir à éclairer la prise de décisions et à façonner la culture du bien-être des médecins. Nous avons utilisé ces principes pour rédiger nos recommandations et encourager d’autres personnes à les adopter dans leurs propres organisations et pratiques.

  1. Le bien-être des médecins est un aspect essentiel et fondé sur des données probantes de la formation médicale, de la pratique et des soins de qualité aux patients.
  2. Le bien-être des médecins est important à toutes les étapes de leur carrière, de l’école de médecine à la retraite.
  3. La profession médicale, les médecins et les milieux d’ apprentissage et de pratique de la médecine se partagent la responsabilité du bien - être des médecins.
  4. Le bien - être des médecins nécessite l’ engagement et la participation des intervenants de tout le système de santé pour optimiser la santé et le bien - être des médecins.
  5. Les médecins ont la responsabilité collective de communiquer lorsqu’ ils éprouvent des difficultés et d’ écouter avec soutien et sans jugement lorsque leurs collègues révèlent qu’ ils éprouvent des difficultés.

Méthodologie

Le groupe de travail a entrepris plusieurs étapes pour élaborer et peaufiner ses recommandations. Ces mesures comprenaient :

  1. Des réunions régulières du groupe de travail en personne et virtuellement
  2. Une analyse contextuelle des programmes sur le bien - être offerts aux apprenantes et apprenants ainsi qu’ aux membres du corps professoral dans les facultés de médecine canadiennes, ainsi que des ressources sur le bien - être offertes par des organismes de médecins provinciaux et nationaux
  3. La création d’ un modèle pour catégoriser l’ information sur les pratiques actuelles et éventuelles en matière de santé des médecins au Canada
  4. Une revue de la littérature exploratoire sur les pratiques factuelles en santé des médecins publiée entre 2010 et 2018
  5. Des sondages répétés auprès des intervenants, y compris des réunions avec le Comité consultatif et la présentation et l’ atelier d’ ébauches de recommandations lors de deux conférences médicales internationales à l’ automne 2018
  6. L’ examen des recommandations de 2021 pour inclure des exemples pertinents à la pandémie de COVID - 19 et à ses défis

Pour un examen plus approfondi de cette méthodologie et de la façon dont elle a été guidée théoriquement par la matrice de changement de Brynjolfsson et de ses collègues 5, veuillez consulter l’annexe A.

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Utilisation prévue

Les recommandations de ce rapport sont susceptibles d’être utilisées par un éventail de personnes, y compris les directrices et directeurs de programme, les membres du comité du programme de résidence, les éducatrices et éducateurs médicaux, les chefs de file des soins de santé, les médecins résidents, les étudiantes et étudiants en médecine, les responsables de l’agrément, les administratrices et administrateurs d’hôpitaux, les membres du comité du bien-être et toute autre personne qui s’intéresse au bien-être des médecins. Certaines personnes travailleront seules pour améliorer la santé et le bien-être des médecins, et d’autres travailleront ensemble; quoi qu’il en soit, tous devraient trouver dans ces recommandations des éléments concrets qui les aideront à progresser vers l’atteinte de leurs objectifs.

Pour en savoir plus sur l’utilisation de ce rapport, veuillez consulter l’annexe B.

Mettre en œuvre le changement dans des environnements complexes

Les systèmes de soins de santé sont extrêmement complexes, ce qui signifie que les changements visant à améliorer la santé et le bien-être des médecins nécessitent un leadership et un engagement tant au niveau personnel qu’organisationnel pour être vraiment efficaces. Les meilleurs résultats sont obtenus lorsqu’il y a un équilibre entre les programmes axés sur l’incidence sur la profession et la culture de la médecine, les milieux d’apprentissage et de travail des médecins et le praticien individuel.

Quiconque cherche à mettre en œuvre ces recommandations devrait tenir compte des interrelations dynamiques entre les facteurs personnels et environnementaux qui influencent la culture de la médecine et plus particulièrement la culture du bien-être. De même, lors de la mise en œuvre de ces recommandations, il faut envisager de créer ou de mettre à jour des politiques, des protocoles, des programmes et des ressources appropriés pour s’assurer que les recommandations permettront d’apporter des améliorations durables.

Structure de recommandation – Intégrer le rôle CanMEDS de professionnel

Les compétences liées au bien-être des médecins ont été essentielles à l’élaboration des recommandations. Celles qui ne correspondent pas à ces compétences n’ont aucune incidence sur la formation médicale postdoctorale et les praticiens au Canada. La compétence clé en matière de santé des médecins sert d’objectif général pour les recommandations : Les médecins sont en mesure de démontrer un engagement envers la santé et le bien-être des médecins afin de favoriser la prestation de soins optimaux aux patients. Il y a trois sections de recommandations qui correspondent aux trois manifestations du référentiel CanMEDS 2015. Ces manifestations ont été analysées afin de dégager les thèmes essentiels.

La première compétence habilitante, les médecins sont capables d’afficher une conscience de soi et de gérer les influences sur le bien-être personnel et le rendement, évoquée par deux thèmes : la nécessité de sensibiliser les gens et de développer leurs compétences.

La deuxième compétence habilitante porte sur la durabilité et le maintien du bien-être. Les médecins sont en mesure de gérer les exigences personnelles et professionnelles pour une pratique durable tout au long du cycle de vie professionnelle. Pour acquérir cette compétence, les médecins doivent être en mesure de reconnaître les facteurs qui influent sur le bien-être et d’utiliser la conscience, les connaissances et les compétences qu’ils ont acquises.

La troisième compétence habilitante précise qu’un soutien sera nécessaire pour les personnes en détresse, malades ou en crise. Les médecins sont en mesure de promouvoir une culture qui reconnaît les collègues en difficulté, les appuie et leur offre une réponse efficace. De plus, cette compétence répond précisément à la nécessité d’un soutien individuel entre pairs, mais aussi à l’échelle de la profession.

Pour chaque recommandation, il existe une liste d’idées ou d’exemples précis sur la façon dont un programme ou un établissement pourrait mettre en œuvre la recommandation. Ces exemples ne se veulent pas normatifs ou exhaustifs. Considérez que chaque liste commence par l’énoncé suivant : « Le programme pour répondre à cette recommandation peut inclure, sans s’y limiter, les exemples suivants. » Les programmes peuvent choisir d’utiliser une partie ou la totalité de ces exemples ou d’en trouver d’autres qui sont plus appropriés. L’objectif est de respecter la recommandation. La route que doivent suivre les programmes pour y arriver dépend d’eux.

Prenons l’exemple d’une directrice de programme qui souhaite obtenir de l’information sur la façon d’aider les résidents qui vont très bien à maintenir leur niveau de bien-être actuel. Plus précisément, cette directrice de programme souhaite aider ses résidents à « gérer les exigences personnelles et professionnelles pour une pratique durable tout au long du cycle de vie professionnelle ». Elle consulte la section sur la viabilité et note qu’une des recommandations est de « promouvoir une pratique durable en créant des politiques, des processus et des stratégies pour favoriser la souplesse dans la formation et le travail ». Les exemples cités pour cette recommandation sont les horaires variables, les politiques de congé, le travail à la maison et le temps requis pour se rendre aux rendez-vous de soins de santé. La directrice de programme sait que son université s’efforce déjà de rendre les horaires bien équilibrés et équitables et qu’elle a mis en place des processus rigoureux en matière de congés. Mais elle constate que peu de résidents demandent des congés pour des rendez-vous médicaux, ce qui l’amène à se demander s’il y a une stratégie en place pour qu’un résident puisse faire cela et si ce type de demande est soutenu par la culture de travail. Pour remédier à cette situation, la directrice de programme organise une rencontre avec les résidents pour obtenir une rétroaction sur cette question, puis travaille avec le comité du programme de résidence pour créer un plan afin de s’assurer que les résidents ont le soutien nécessaire pour se présenter périodiquement à leurs rendez-vous médicaux tout au long de l’année.

Application locale

Les recommandations, idées ou exemples ne sont pas une liste de vérification ou une recette. Elles visent plutôt à soutenir la création et le maintien de milieux d’apprentissage et de pratique pertinents à l’échelle locale. Les programmes et les politiques sur le bien-être des médecins varient d’une école à l’autre, d’un programme à l’autre dans une même école et dans une organisation; par conséquent, les besoins de changement varient d’un centre à l’autre. Bon nombre de ces recommandations et exemples sont déjà bien ancrés dans certains milieux cliniques et d’apprentissage, tandis que d’autres seront nouvelles ou difficiles à adopter pour certains établissements. Les utilisateurs devraient célébrer leurs réalisations lorsqu’ils sont conformes aux recommandations et se concentrer sur les recommandations non atteintes qui sont les plus pertinentes pour leur population. Ces recommandations devraient être utiles pour les milieux de formation et de pratique, car elles portent sur des questions de bien-être tout au long du cycle de vie professionnelle.

La programmation comme engagement continu

Il est à noter que le mot « programmation » est souvent utilisé dans ces recommandations. Ce mot a été choisi délibérément pour s’assurer que la mise en œuvre d’une recommandation implique de fournir non seulement une séance didactique, mais aussi une trousse d’activités et d’expériences d’apprentissage dans divers contextes, pour une variété de participants. Un changement significatif découle rarement d’une approche « unique ». C’est pourquoi ces recommandations sont formulées de façon à encourager la poursuite des efforts.

Aperçu des recommandations

Les 15 recommandations du groupe de travail sont présentées sous forme de résumé dans le tableau suivant.

Ce tableau donne des exemples de la façon dont les programmes, les ministères et les organisations pourraient donner suite aux recommandations. Le groupe de travail a choisi des exemples fondés sur la littérature et l’approbation des experts, mais la liste n’est pas exhaustive. Le groupe de travail reconnaît que chaque établissement et programme éducatif est unique et que la mise en œuvre devra être adaptée à son contexte particulier.

Dimension clé 1Recommendation
Sensibilisation
  1. Élaborer et mettre en œuvre des programmes 2 de sensibilisation au bien-être des médecins à chaque étape de leur vie
  2. Élaborer des programmes de sensibilisation aux enjeux systémiques qui influent sur le bien-être des médecins
  3. Mettre en œuvre des processus qui mesurent et évaluent l’état de bien-être des apprenants en médecine et des enseignants
Développement
  1. Mettre en œuvre des programmes éducatifs pour enseigner des compétences afin de promouvoir une culture de bien-être dans les milieux cliniques et d’apprentissage
  2. Élaborer des programmes pour enseigner des compétences avancées en leadership sur le bien-être des médecins
  3. Élaborer des programmes pour enseigner des compétences afin d’améliorer le bien-être individuel
Durabilité
  1. Promouvoir une pratique durable en créant des politiques, des processus et des stratégies qui favorisent la souplesse dans la formation et le travail
  2. Offrir aux médecins des outils et des programmes éducatifs pour les aider à gérer leurs exigences personnelles et professionnelles
  3. Reconnaître et appuyer les initiatives et les programmes de bien-être
  4. Rendre disponibles et facilement accessibles des ressources favorisant le bien-être de tous les médecins
  5. Encourager les leaders à promouvoir et à créer une culture de bien-être
Soutien financier
  1. Rendre disponibles des ressources pour soutenir et promouvoir la santé et le bien-être
  2. Mettre des ressources à la disposition des personnes dans le besoin pour les soutenir et y répondre
  3. Établir des politiques pour aider les personnes en détresse aiguë
  4. Veiller à ce que les politiques et les pratiques soutiennent la souplesse de la formation et de la pratique pour répondre aux besoins et aux circonstances variés
  1. Ces dimensions clés sont enracinées dans les compétences du rôle de professionnel en matière de bien-être des médecins.
  2. Remarque : le terme « programme » est utilisé pour décrire une trousse d’activités et d’expériences d’apprentissage dans divers contextes et pour divers participants.

Recommandations 1 à 6 : sensibilisation et développement

Les six recommandations suivantes portent directement sur la manifestation 4.1 du rôle de professionnel : Démontrer une conscience de soi et gérer les facteurs pouvant influencer son bien-être et son rendement professionnel.

Les thèmes reconnaissent l’importance distincte, mais complémentaire, de l’éducation pour accroître la sensibilisation et le besoin de développer des compétences.

Recommandations sur la sensibilisation

 

  1. Élaborer et mettre en œuvre des programmes de sensibilisation au bien-être des médecins à chaque étape de leur vie

    La programmation peut inclure les sujets suivants :

    • Diminution des stigmates
    • Reconnaissance et prise en compte de la dynamique du pouvoir
    • Demande appréciative
    • Techniques motivationnelles
    • Principes du bien-être (c.-à-d. autonomie, contrôle, apprentissage, connectivité, aspiration, sens, épanouissement, efficacité de la pratique, savoir-vivre, isolement, expérience des soins)
    • Risques de la profession dans son ensemble et de spécialités spécifiques
    • Politiques liées à la santé (p. ex., mesures d’adaptation)
    • Ressources existantes pour favoriser le bien-être
    • Reconnaître les facteurs d’influence
    • Identification des ressources existantes
    • Détermination des besoins individuels
    • Évaluations des besoins
    • Psychologie positive
    • Accent sur l’apprentissage à vie
    • Valeurs fondamentales de la compassion
    • Reconnaître les biais implicites
  2. Élaborer des programmes de sensibilisation aux enjeux systémiques qui influent sur le bien-être des médecins

    La programmation peut inclure les sujets suivants :

    • Le quadruple objectif
    • Sécurité culturelle
    • Équité, diversité et inclusion
    • Comportements professionnels en milieu de travail (p. ex., limites, prestation et réception de soins, prestation et réception de rétroaction)
    • Sécurité physique et psychologique
    • Résultats d’un sondage sur les effectifs
    • Remettre en question le statu quo – événements indésirables
    • Effectifs (Échelle des domaines de vie professionnelle)
    • Initiatives d’amélioration de la qualité et de la pratique
  3. Mettre en œuvre des processus qui mesurent et évaluent l’état de bien-être des apprenants en médecine et des enseignants

    La programmation peut inclure les exemples suivants :

    • Mesure du bien-être (p. ex., outils de sondage)
    • Reconnaître les facteurs d’influence
    • Utilisation uniforme des outils d’évaluation
    • Uniformité dans l’utilisation des définitions
    • Uniformité des initiatives de bien-être
    • Modèles d’amélioration de la pratique
    • Encourager l’autoévaluation (diminuer la stigmatisation)

 

Recommandations pour le développement

 

  1. Mettre en œuvre des programmes éducatifs pour enseigner des compétences afin de promouvoir une culture de bien-être dans les milieux cliniques et d’apprentissage

    La programmation peut inclure les sujets suivants :

    • Rôles et dynamique des équipes
    • Réaction à des événements indésirables
    • Formation sur le soutien par les pairs
    • Créer un comité du bien-être
    • Créer des possibilités de développement communautaire et de soutien social
    • Gestion de rencontres cliniques difficiles
    • Répercussions d’une mauvaise santé des médecins sur les soins aux patients
    • Répercussions d’une mauvaise santé des médecins sur leur rendement professionnel
    • Comment être un patient
  2. Élaborer des programmes pour enseigner des compétences avancées en leadership sur le bien-être des médecins

    La programmation peut inclure les sujets suivants :

    • Communication critique
    • Rétroaction psychologiquement sécuritaire
    • Établissement de limites
    • Reconnaître une détresse
    • Formation des médecins sur la prestation de soins
    • Répercussions d’une mauvaise santé des médecins sur les soins aux patients
    • Coûts liés à la mauvaise santé des médecins
    • Concepts du leadership compatissant
  3. Élaborer des programmes pour enseigner des compétences afin d’améliorer le bien-être individuel

    La programmation peut inclure les sujets suivants :

    • Nutrition
    • Faire face à la détresse morale
    • Gestion des risques liés à la fatigue
    • Bien-être physique
    • Santé mentale
    • Gestion du temps
    • Autoréflexion
    • Pleine Conscience
    • Résilience
    • Gestion de la technologie
    • Méditation

 

Recommandations 7 à 11 : durabilité

Les cinq recommandations suivantes portent directement sur la manifestation 4.2 du rôle de professionnel : Gérer les exigences personnelles et professionnelles pour une pratique durable tout au long du cycle de vie professionnelle.

Les programmes liés à cette compétence portent sur la durabilité et le maintien du bien-être. Il est intéressant de noter que pour acquérir cette compétence, les médecins doivent être en mesure de reconnaître les facteurs qui influent sur le bien-être et d’utiliser les connaissances, les aptitudes et les connaissances acquises (recommandations 1 à 6).

Recommandations pour la durabilité

 

  1. Promouvoir une pratique durable en créant des politiques, des processus et des stratégies qui favorisent la souplesse dans la formation et le travail

    La programmation peut inclure les exemples suivants :

    • Planification flexible
    • Politiques de congé
    • Travail à domicile
    • Temps pour les rendez-vous de soins de santé
  2. Offrir aux médecins des outils et des programmes éducatifs pour les aider à gérer leurs exigences personnelles et professionnelles

    La programmation peut inclure les exemples suivants :

    • Gestion des soins personnels
    • Soutien offert par les pairs
    • Programmes d’aide aux employés
    • Droits des ressources humaines
    • Formation sur les dossiers médicaux électroniques (DME)
    • Gestion des transitions
    • Planification financière
    • Gestion de l’équilibre travail-vie
    • Reconnaître une détresse personnelle
    • Consulter d’autres personnes au sujet des ressources sur le bien-être personnel
    • Maintien de saines relations interpersonnelles
    • Autovérifications du bien-être
    • Établir et respecter des limites professionnelles
    • Gestion appropriée des médias sociaux
  3. Reconnaître et appuyer les initiatives et les programmes de bien-être

    La programmation peut inclure les initiatives suivantes :

    • Création de postes de champion du bien-être
    • Prix du leader en bien-être
    • Crédits de développement professionnel continu (DPC) ou de formation médicale continue (FMC) pour la participation à des activités de DPC
  4. Rendre disponibles et facilement accessibles des ressources favorisant le bien-être de tous les médecins

    La programmation peut inclure les initiatives suivantes :

    • Aliments nutritifs sains disponibles 24 heures par jour
    • Accès aux garderies
    • Accès à une pièce calme pour prier, dormir, gérer la fatigue, allaiter
    • Accès à un médecin de famille
    • Accès à des services de consultation confidentiels
    • Accès à un salon des médecins
    • Accès à un centre de conditionnement physique sur place ou possibilité de faire de l’activité physique
    • Accès au stationnement
  5. Encourager les leaders à promouvoir et à créer une culture de bien-être

    La programmation peut inclure les initiatives suivantes :

    • Reconnaître les champions du bien-être
    • Prix pour la mise en œuvre les initiatives de bien-être
    • Exiger un engagement envers le bien-être comme composante des rôles de leadership
    • Affirmations positives
    • Inclusion du bien-être dans le plan stratégique
    • Incluant le bien-être à l’ordre du jour des réunions
    • Réglage des heures contrôlées
    • Créer des retraites bien-être
    • Créer une atmosphère exempte de jugement
    • Créer un espace pour les activités sociales (p. ex., anniversaires)
    • Créer un comité social
    • Mettre en place un coffret de félicitations
    • Bâtir une communauté sociale
    • Coaching

 

Recommandations 12 à 15 : soutien

Les quatre autres recommandations ont trait directement à la compétence habilitante du rôle de professionnel 4.3 : Promouvoir une culture favorisant l’identification des collègues en difficulté et offrant un soutien et une réponse à leurs besoins.

Cela indique qu’un soutien est nécessaire pour les personnes en détresse, malades ou en crise. Il répond précisément à la nécessité d’offrir ce soutien non seulement au niveau individuel, entre pairs, mais aussi au niveau de la profession.

Recommandations pour le soutien

 

  1. Rendre disponibles des ressources pour soutenir et promouvoir la santé et le bien-être

    La programmation peut inclure :

    • Conseillers financiers
    • Orientation professionnelle et orientation professionnelle
    • Responsables du bien-être des médecins
    • Mentorat et coaching
    • Accès à des personnes ou des groupes de soutien par les pairs
    • Accès aux médecins de famille
    • Accès à la santé au travail
    • Programme sur la préparation mentale
  2. Mettre des ressources à la disposition des personnes dans le besoin pour les soutenir et y répondre

    La programmation peut inclure les exemples suivants :

    • Consultation sur l’usage de substances
    • Liens avec les programmes provinciaux de santé des médecins
    • Disponibilité des ressources en santé mentale
    • Accès à des conseils confidentiels
    • Programmes d’aide aux employés
    • Disponibilité du soutien familial
    • Dépistage et intervention précoces possibles
  3. Établir des politiques pour aider les personnes en détresse aiguë

    La programmation peut inclure les exemples suivants :

    • Politiques sur les congés (p. ex., congés)
    • Protocoles établis pour réagir aux événements indésirables
    • Pratiques établies pour reconnaître les collègues en détresse et répondre à leurs besoins
    • Protocoles établis pour réagir au suicide chez les médecins
  4. Veiller à ce que les politiques et les pratiques soutiennent la souplesse de la formation et de la pratique pour répondre aux besoins et aux circonstances variés

    La programmation peut inclure les exemples suivants :

    • Hébergement
    • Horaires de travail et de formation flexibles
    • Horaires de formation, de travail et de garde modifiés
    • Disponibilité du partage d’emploi
    • Formation à temps partiel

 

Composition du comité

Ce rapport est l’aboutissement d’un travail qui n’aurait pas été possible sans la participation d’experts canadiens du bien-être des médecins qui ont fait partie du Groupe de travail sur le bien-être des médecins et du Comité consultatif sur le bien-être des médecins.

Le groupe de travail et le comité consultatif étaient présidés par la Dre Leslie Flynn, vice-doyenne à la formation de la Faculté des sciences de la santé de l’Université Queen’s et éducatrice clinicienne au Collège royal.

Megan McComb, coordonnatrice de projet désignée au Collège royal, au sein de l’équipe CanMEDS et Perfectionnement du corps professoral, a toujours appuyé ce projet.

GROUPE DE TRAVAIL

Créé en 2017, le groupe de travail a pour mandat d’élaborer une stratégie sur le bien-être des médecins pour le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada afin d’influencer la formation des médecins dans l’approche par compétences en formation médicale et de conseiller le Collège royal sur la configuration future de la formation des résidents pour promouvoir le bien-être, y compris les répercussions et les normes d’agrément.

Les membres du groupe de travail ont été recrutés expressément pour leur expertise et leur expérience du bien-être des médecins.

Membres du groupe de travail :

Caroline Gérin-Lajoie, vice-présidente exécutive, Bien-être des médecins et culture médicale, Association médicale canadienne

Amber Hastings-Truelove, chercheuse en éducation de la santé et consultante, Bureau du développement professionnel et de l’érudition en éducation, Faculté des sciences de la santé, Université Queen’s

Mithu Sen, vice-doyenne intérimaire, Affaires du corps professoral, École de médecine et de dentisterie Schulich, Université Western

Christopher Simon, directeur, Bien-être des médecins et culture médicale, Association médicale canadienne

Sarah Smith, médecin résidente, Université de Toronto, et Médecins résidents du Canada

COMITÉ CONSULTATIF

Les membres du comité consultatif ont été recrutés en raison de leur expertise en santé des médecins ou de leur expertise et expérience en formation. Ils ont été consultés pour donner leur avis et leurs commentaires sur les ébauches de documents préparées par le groupe de travail. Ils ont également contribué aux recommandations finales et au rapport.

Membres du Comité consultatif :

 

  • Joy Albuquerque
  • Shabbir Amanullah
  • Meri Bukowskyj
  • Craig Campbell
  • Andrew Clarke
  • Mamta Gautam
  • Mackenzie Grisdale
  • Joan Horton
  • Michael Kaufmann
  • Jane Lemaire
  • Hamza Mahmood
  • Christina Nowik
  • Sandra Roman
  • Nureen Sumar
  • Miranda Wan

 

Conclusion

Il est de plus en plus évident que la santé et le bien-être des médecins constituent une responsabilité partagée de la profession elle-même, des organisations au sein desquelles les médecins sont formés et exercent, et des médecins à titre individuel. Les questions de bien-être des médecins touchent tous les aspects de notre système de santé : elles ont des répercussions non seulement sur les médecins, mais aussi sur leur famille, leurs collègues, leur milieu de travail et d’apprentissage ainsi que sur les patients. La sensibilisation à l’importance du bien-être des médecins s’est accrue. Joy Albuquerque et Dorian Deshauer soutiennent que les changements dans le milieu médical modifient la façon dont la profession perçoit le bien-être. Il s’agit de passer d’une question d’ordre privé à « quelque chose qui se rapproche davantage d’une ressource partagée » 6. Selon eux, au Canada, « trois principaux mécanismes sont à l’origine de ce changement : l’utilisation de stratégies de gestion des risques adaptées de la psychologie organisationnelle et de la médecine du travail pour changer le comportement des médecins, l’intensification de la surveillance de la santé des médecins par les organismes professionnels et l’adoption de la santé comme valeur fondamentale dans la profession médicale. » Ils indiquent que le référentiel CanMEDS a joué un rôle dans cette transformation. Les membres du groupe de travail souscrivent entièrement à ce point de vue et ont adopté une perspective semblable dans leur approche de ce travail. Le groupe de travail fait clairement ressortir la nécessité d’élaborer des politiques, des stratégies, des ressources et des programmes qui peuvent susciter un changement culturel et promouvoir le bien-être au travail et dans les milieux d’apprentissage, ainsi que pour les médecins.

Ce rapport doit être utilisé non seulement par les personnes qui participent à la formation des résidents, mais aussi par les comités du bien-être, les administrateurs d’hôpitaux et les décideurs afin d’apporter des changements pour mesurer, surveiller et, au besoin, améliorer le bien-être des médecins dans leur milieu. Reconnaissant qu’il existe différentes normes d’agrément pour les milieux cliniques et d’apprentissage, le présent document peut inspirer ceux qui peuvent apporter des changements à utiliser ces recommandations pour éclairer les futures normes d’agrément. Après Shanafelt et ses collègues 7, les dirigeants organisationnels sont encouragés à trouver des façons de mobiliser les médecins et de les habiliter à cerner les défis en matière de bien-être dans leurs organisations et unités de travail, et à appuyer les initiatives qui favorisent le bien-être dans leurs environnements particuliers.

Références

 

  1. Canadian Medical Association. CMA Policy on Physician Health. Ottawa : Canadian Medical Association; 2017.
  2. Wallace JE, Lemaire JB, Ghali WA. Physician wellness: a missing quality indicator. Lancet 2009;374:1714-21. Available: https://doi.org/10.1016/S0140-6736(09)61424-0.
  3. Canadian Medical Association. Background to CMA Policy on Physician Health. Ottawa : Canadian Medical Association; 2017.
  4. Frank JR, Snell L, Sherbino J, editors. CanMEDS 2015 Physician Competency Framework. Ottawa: Royal College of Physicians and Surgeons of Canada; 2015.
  5. Brynjolfsson E, Renshaw AA, Van Alstyne M. The matrix of change. MIT Sloan Management Review1997;38(2).
  6. Albuquerque J, Deshauer D. Physician health: beyond work–life balance. CMAJ2014;186(13):E502.
  7. Shanafelt TD, Bradley KA, Wipf JE, Back AL. Burnout and self-reported patient care in an internal medicine program. Ann Intern Med2002;136(5):358-67

 

ANNEXE A - MÉTHODOLOGIE

Le groupe de travail a adapté la matrice de changement5 de Brynjolfsson et de ses collègues pour orienter l’approche de ce projet. Les quatre étapes de leur processus ont été utilisées pour déterminer les interactions essentielles entre les divers aspects du bien-être des médecins et les multiples processus nécessaires pour le soutenir :

Définir les objectifs et les processus existants : L’étape initiale comporte deux parties. Premièrement, il faut définir les objectifs et les processus existants. Le groupe de travail a commencé par effectuer une analyse contextuelle des programmes sur le bien-être offerts aux étudiants en médecine, aux résidents et aux enseignants dans les facultés de médecine canadiennes, et par examiner les ressources offertes aux niveaux provincial et national.

Deuxièmement, des processus et des objectifs précis doivent être ciblés pour le changement. À ce stade-ci, nous avons dressé une liste de souhaits concernant les programmes de bien-être des médecins fondés sur des données probantes.

Examiner les interactions entre les systèmes : La deuxième étape de la matrice du changement consiste à comprendre comment les pratiques existantes s’imbriquent dans des systèmes plus vastes. Trois niveaux différents du système médical ont été pris en compte : culture/profession, organisation/environnement et individus. Le groupe de travail a tenu compte des éléments de chaque niveau qui ont une influence positive ou négative sur le bien-être des médecins, et a aussi examiné la façon dont ces éléments interagissent entre les niveaux. Afin d’organiser les données recueillies ainsi que la réflexion du groupe de travail, un gabarit a été élaboré pour saisir l’information recueillie par le groupe de travail pour les trois niveaux.

Définir les interactions de transition : Dans la matrice du changement, les interactions de transition sont les interactions impliquées dans le passage des pratiques existantes aux pratiques idéales. Étant donné que de nombreuses facultés de médecine et organisations travaillent déjà à la mise en œuvre de programmes sur le bien-être des médecins, on s’est demandé à quoi pourrait ressembler un programme d’études idéal sur le bien-être des médecins. Une revue exploratoire de la littérature publiée entre 2010 et 2018 a permis de dégager des pratiques exemplaires fondées sur des données probantes en matière de bien-être des médecins. La recherche initiale a donné 2178 résultats, après quoi 1907 articles ont été laissés. Par la suite, les articles axés sur le bien-être des patients plutôt que sur celui des médecins ont été éliminés, de même que les articles provenant de pays autres que le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, ce qui laisse 951 articles. Enfin, le groupe de travail a exclu les articles qui ne contenaient pas de résumé. Les autres articles ont ensuite été divisés par thèmes en fonction de leurs résumés, à l’exception des éditoriaux, des articles qui présentaient des données pilotes et des articles portant sur une seule spécialité ou surspécialité. Il reste donc 156 articles.

En ajoutant ces articles au gabarit, à mesure que les recommandations étaient formulées, le groupe de travail pourrait déterminer visuellement lesquels étaient appuyés par des données empiriques et, par conséquent, lesquels étaient appuyés par les données probantes les plus probantes. Par exemple, un certain nombre d’articles ont montré que les programmes de bien-être qui comprennent des techniques respiratoires, des exercices de méditation et de relaxation peuvent améliorer les niveaux de stress des étudiants en médecine.

L’objectif de la compilation de ces renseignements était de créer une ressource unique qui relie les travaux en cours à l’échelle du pays à la richesse des données probantes suggérant des pratiques exemplaires pour les programmes et les programmes futurs sur le bien-être des médecins.

Sondage auprès des intervenants : L’audition d’experts dans ce domaine est la dernière étape. Le Comité consultatif a fourni d’importants commentaires au Groupe de travail à chaque étape des travaux.

De plus, lors de la Conférence internationale sur la santé des médecins et de la Conférence internationale sur la formation des résidents, tenues en octobre 2018, le groupe de travail a organisé des ateliers pour recueillir d’autres réflexions et suggestions. De nombreux groupes d’intervenants du groupe de travail, comme des directeurs de programme, des éducateurs médicaux et des apprenants, ainsi que des experts internationaux de la santé des médecins y ont assisté. À partir de ces nombreux commentaires, de nouvelles recommandations ont été proposées pour améliorer le gabarit.