Conseil du mois sur le MDC
Dre Danielle Sachiw, FRCSC

Le MDC et moi : Le Nord n’a pas son égal pour les activités de DPC

Coneil du mois sur le MDC

La Dre Danielle Sachiw, FRCSC, est chirurgienne généraliste à Yellowknife et elle participe au programme de Maintien du certificat (MDC) du Collège royal depuis trois ans et demi. Dans cette entrevue, elle explique pourquoi elle tient tant à vivre et parfaire son apprentissage dans le Nord.

En quoi consiste votre champ de pratique à Yellowknife?

J’occupe l’un des deux postes de chirurgien orthopédique en pratique générale au Stanton Territorial Hospital. Nous desservons l’ensemble des Territoires-du-Nord-Ouest et une partie du Nunavut. En pratique générale, nous traitons toutes sortes de cas. J’obtiens beaucoup de crédits de MDC en assistant à des conférences, en participant à des séances d’apprentissage en ligne et en m’inspirant des chirurgiens remplaçants qui séjournent ici.

Qu'est-ce qui vous a incitée à travailler dans le Nord?

Un poste s’est libéré lorsqu’un chirurgien orthopédique a pris sa retraite. J’ai visité le centre durant mon stage de perfectionnement et j’ai eu un coup de foudre pour la communauté. Presque la moitié de mes patients sont des Inuits et des Dénés qui mènent encore leur mode de vie traditionnel dans des collectivités très isolées. Je rencontre aussi beaucoup de fonctionnaires et d’adeptes du plein air, des gens très actifs. Vous faites 10 minutes de route et vous vous retrouvez sur un lac à faire du kayak ou du ski de fond en solo.

Le style de vie est l’un des attraits de la pratique dans le Nord. Danielle (à l’avant) et sa collègue Claire, une infirmière en chirurgie orthopédique, sont adeptes du canoë et de la pêche.

Qu’avez-vous changé à votre programme de MDC une fois dans le Nord?

Je suis arrivée tout de suite après ma résidence et mon stage de perfectionnement; les occasions de participer à des activités de MDC étaient donc nombreuses. Au début, je me suis dit : « Comment vais-je pouvoir obtenir tous mes crédits de MDC? » Mais nous sommes un peu privilégiés dans le Nord; on nous accorde 10 jours par année pour assister à des conférences.

Je participe aussi à des séances d’apprentissage en ligne. L’Association canadienne d’orthopédie offre des webinaires de temps en temps. J’en ai visionné un sur les lésions de la syndesmose récemment, et j’ai beaucoup apprécié les conseils d’experts sur le traitement de ces blessures complexes. Les examens en ligne de l’American Academy of Orthopaedic Surgeons (AAOS) sont aussi fort utiles. J’y ai eu recours lorsque j’étudiais pour les examens du Collège royal; je m’en sers maintenant pour le MDC. Aussi, je lis le Conseil du mois sur le MDC et je consulte le site Web du Collège royal pour connaître les activités agréées dans ma discipline. Pour suivre les tendances, le lis beaucoup de résumés factuels. OrthoEvidence résume les nouveaux projets de recherche dans ma discipline, ainsi que les forces et les faiblesses de divers traitements.

Quelles leçons de votre pratique dans le Nord ont fait de vous un meilleur médecin?

Je reçois d’excellents commentaires des chirurgiens remplaçants qui séjournent ici; je les utilise pour obtenir des crédits de MDC de la section 3 (Évaluation de la pratique).

Un chirurgien remplaçant et moi avons déjà réparé un tendon de la longue portion du biceps. J’avais toujours utilisé la même technique, efficace mais délicate, apprise lorsque j’étais résidente en Saskatchewan. Or, il procédait autrement pour réaliser les sutures tendineuses; il utilisait un système de poulies pour les camoufler dans la plaie. C'était génial. J’étais tellement reconnaissante! Il s’agit d’un exemple très précis, mais ça a changé ma pratique. Vous voyez, nous étudions au même endroit et nous apprenons tous à faire la même chose; ici, dans le Nord, les remplaçants qui ont été formés en Ontario ou dans l’Est nous apprennent à faire les choses différemment.

Selon Danielle, le Nord est un environnement magnifique et exceptionnel pour la pratique; elle y trouve de nombreuses possibilités de développement professionnel continu (DPC), en assistant à des conférences, en suivant des ateliers d’apprentissage en ligne et en visitant des chirurgiens locaux.

Quel conseil donneriez-vous à ceux qui songent à se perfectionner dans le Nord?

Au début, le Nord peut être déstabilisant. Vous n’êtes plus dans un centre universitaire. Vous n’avez plus accès aux stages et vous ne voyez plus vos collègues. Le plus difficile, c’est de suivre le fil de la littérature et de surmonter sa crainte de la pratique générale.

Aujourd’hui, je ne me verrais nulle part ailleurs. Je ne pourrais même pas envisager ma pratique sans certaines chirurgies, ni même sans certaines populations de patients et leurs difficultés. Chaque jour est différent et j’adore ça.

Par exemple, un de mes patients s’est cassé la jambe, déformant ainsi la tige qu’on lui avait déjà installée lors d’une fracture précédente. Je n’avais jamais vu rien de tel, et j’ignorais que pareille chose pouvait survenir. Je suis allée voir en ligne; j’y ai trouvé des articles et des rapports sur la prise en charge de cas similaires. Lorsqu’on pratique dans le Nord, de tels problèmes inhabituels surviennent chaque jour. Lorsqu’on est résident, on se dit : « Oh, c’est un cas très rare, je ne verrai jamais cela de ma vie. » Mais ici, ça arrive!

On peut être intimidé face à la variété de cas, mais je ne m’en passerais plus. Vous seriez surpris de voir à quel point vous y êtes préparé, et combien une carrière de généraliste dans le Nord est valorisante.