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Au Canada, nous avons normalisé la notion d’un système de santé en difficulté. Bien que les soins de santé universels fassent partie de l’identité canadienne, il est de plus en plus avancé que cette promesse n’a pas été tenue. Au lieu de baisser les bras devant la complexité du problème, le Collège royal réfléchit attentivement au rôle que nous pouvons jouer pour remédier à la situation.
Les soins spécialisés ne constituent qu’une composante d’un système de santé efficace, mais c’est celle qui relève le plus de notre champ de compétences; nous nous efforçons donc de savoir ce que la population canadienne attend de leurs médecins. Il nous faut un nombre suffisant de médecins, tant en médecine familiale que dans la soixantaine de spécialités et surspécialités que compte la profession au Canada. On doit avoir accès à ces médecins quand et où il le faut. Il faut aussi que ces médecins aient les compétences nécessaires pour prodiguer des soins actuels, empreints de compassion et appropriés.
Aucun de ces impératifs n’est simple. Avons-nous assez de médecins au Canada? Dans certaines disciplines, notamment la médecine familiale, la réponse semble être « loin de là ». Plusieurs spécialités et surspécialités font aussi face à des pénuries chroniques et apparemment insolubles. Toutefois, dans d’autres spécialités et surspécialités, le tableau n’est pas aussi clair puisqu’il peut être difficile de trouver un emploi après la résidence.
L’absence de chiffres fiables ou d’un modèle de planification centralisé est un défi. Il faut reconnaître que la planification est compliquée, car un simple calcul du nombre de médecins par tranche de 1000 habitants ne suffit pas. De tels chiffres masquent souvent les problèmes de répartition des médecins qui compromettent l’accès équitable. Tout évolue, de la complexité des besoins en santé aux normes professionnelles encadrant les heures de travail, en passant par le rôle évolutif et encore incertain de l’intelligence artificielle. Par conséquent, toute modélisation nécessitera de nombreuses hypothèses sur l’avenir qui se confirmeront ou non.
Cela dit, une évidence s’impose : le Canada ne forme pas assez de médecins, et ce, depuis un certain temps déjà. Le Collège royal appuie donc les efforts visant à stimuler la formation médicale au Canada et à accélérer la formation des nouvelles cohortes de médecins. Nous reconnaissons toutefois qu’accroître la capacité du Canada en matière de formation médicale relève d’une vision à long terme. Pour corriger plus rapidement ce sous-effectif, il faut aussi continuer d’intégrer efficacement les médecins ayant fait leurs études en médecine ou leur résidence en dehors du Canada.
Il va sans dire que le Canada compte déjà une importante communauté de médecins ayant terminé leur formation à l’étranger. Ces personnes sont d’inestimables collègues qui participent à l’horaire de garde et à la prestation de soins, donnent des conseils sur les cas difficiles et contribuent aux soins de première qualité que la population canadienne exige et mérite. Par le passé, le Collège royal n’accueillait que les spécialistes qui réussissaient ses examens.
Cette approche est motivée par une attention admirable portée à la compétence et à la sécurité. Toutefois, l’exclusivité inévitable qu’elle crée risque de nuire aux intérêts de la profession et du public. Certain·es spécialistes ont suivi une formation qui ressemble beaucoup à celle offerte au Canada, hormis un ou deux éléments qu’exigent les normes canadiennes. Certain·es spécialistes d’expérience ont réduit leur champ de pratique au fil du temps, à l’instar de plusieurs spécialistes au Canada. Pour la plupart (voire la totalité) des spécialistes, les capacités croissantes en compétences et en raisonnement gagnées avec l’expérience s’accompagnent d’un déclin des connaissances universitaires que les examens peuvent exiger.
Pour toutes ces raisons, la réussite d’un examen conçu pour les médecins qui terminent leur résidence au Canada peut représenter une exigence déraisonnable pour certain·es spécialistes de l’étranger. Les ordres des médecins semblent abonder en ce sens et réduisent ainsi les obstacles à l’obtention du permis d’exercice pour ces médecins afin d’améliorer l’accès aux soins.
Par conséquent, quelques milliers de spécialistes au Canada sont titulaires d’un permis d’exercice, mais n’ont pas obtenu la certification du Collège royal (et pourraient même ne pas y être admissibles). Un grand nombre de ces personnes s’inscrivent au programme de Maintien du certificat (MDC) du Collège royal pour assurer le suivi de leurs activités de développement professionnel continu, mais aussi pour satisfaire aux exigences réglementaires et relatives aux privilèges. Le Collège royal ne leur confère néanmoins aucun statut. Nous pensons que cela doit changer.
Nous considérons le Collège royal comme une communauté de spécialistes inclusive et une source de soutien professionnel à long terme pour les médecins qui prodiguent des soins médicaux et chirurgicaux essentiels à la population canadienne. Dans cette optique, nous envisageons de créer une nouvelle catégorie d’affiliation au Collège royal, une catégorie qui reconnaît les personnes qui ont obtenu leur certification dans un autre pays afin de les intégrer à notre communauté professionnelle.
Le titre d’Associé·e du Collège royal continuera de signifier qu’une personne a satisfait à l’ensemble des normes canadiennes de formation et démontré sa compétence au terme du processus d’évaluation et d’examen. Le statut d’Affilié·e du Collège royal témoignerait d’une expertise substantielle (même si elle est acquise et évaluée ailleurs) et du même niveau d’engagement professionnel continu à l’égard de l’excellence et de l’apprentissage à vie que chez les titulaires du titre d’Associé·e.
L’inclusion sans soutien serait toutefois inadéquate. Les normes de formation canadiennes sont adaptées aux besoins de la population canadienne; dans n’importe quel autre pays, la formation laisse de côté certains éléments que nous jugeons essentiels pour prodiguer avec compétence des soins au Canada. Par exemple, la communauté résidente du Canada doit comprendre les droits des Autochtones et leurs besoins en santé, et être en mesure de fournir des soins médicaux respectueux et adaptés à leur culture.
De plus, la résidence au Canada est l’occasion de s’orienter dans les systèmes de santé du pays, de se familiariser avec les réseaux de soutien et les ressources communautaires, et de faire des apprentissages essentiels liés à des enjeux comme la santé de la planète et les déterminants sociaux du bien-être. Ces connaissances et ces compétences sont essentielles et non facultatives. Nous comptons tirer profit de notre système de MDC actuel pour offrir un apprentissage adapté et aider ainsi nos collègues ayant terminé leur formation à l’international à effectuer la transition vers la pratique canadienne.
Il est temps de moderniser le Collège royal. Notre défi consiste à bâtir une communauté inclusive de spécialistes, tout en maintenant les normes qui nous distinguent depuis près d’un siècle. Pour y parvenir, nous consulterons des médecins formé·es à l’international, des ordres des médecins et nos Associé·es.
Comme toujours, nous accueillons vos précieux commentaires qui seront essentiels à cette démarche. Nous invitons nos membres à participer aux prochains groupes de discussion sur la possibilité d’établir une nouvelle catégorie d’affiliation au Collège royal. Nous espérons que vous vous joindrez à nous pour transmettre votre point de vue et contribuer à façonner les prochaines étapes.
Cliquez ici pour vous inscrire à un groupe de discussion.
Si nous parvenons à établir un juste équilibre entre l’inclusion et la rigueur, autant la profession que le public en bénéficieront.
Sincères salutations,
Chris
Chris Watling, M.D., FRCPC, MMEd, Ph. D.
Directeur général