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Bonjour,
À l’approche de mon premier anniversaire à titre de directeur général, je réfléchis au pouvoir et à la fragilité de l’altruisme. Le Collège royal est animé par l’action bénévole. Pour stimuler notre engagement, nous comptons sur des milliers de personnes – membres du Collège royal, de la communauté résidente et du grand public, qui font don de leur expertise, de leur expérience et de leur travail acharné.
Ces membres-conseils siègent aux comités de spécialité qui assurent la protection et la santé de chaque discipline médicale et chirurgicale que nous reconnaissons. Ils et elles effectuent les visites d’agrément qui favorisent l’amélioration de la qualité et le maintien de normes de formation élevées dans l’ensemble des programmes de résidence au Canada. D’autres membres-conseils conçoivent et assurent le déroulement des examens à enjeux élevés de grande qualité afin d’évaluer la capacité des spécialistes qui entament leur pratique sans supervision. Ils et elles créent du matériel pédagogique pour les médecins en exercice et contribuent à l’élaboration de politiques, à la gouvernance et à des activités de représentation afin d’assurer la pertinence du Collège royal dans le contexte contemporain de la pratique médicale et des soins de santé.
Les membres-conseils sont de mille et une façons le cœur du Collège royal et la clé de sa vision, qui consiste à faire progresser l’apprentissage des médecins spécialistes pour offrir les meilleurs soins de santé à la population. J’éprouve une reconnaissance sans borne pour ces milliers de collègues et de partenaires dont l’engagement altruiste permet de réaliser la vision du Collège royal. Je suis aussi parfaitement conscient des pressions, des priorités concurrentes et des menaces croissantes qui pèsent sur le bien-être des médecins au Canada.
Le travail clinique est enrichissant, mais intense. De plus en plus complexe, parfois ingrat et souvent stressant, il peut s’avérer épuisant sur le plan physique et émotionnel. Le fardeau administratif qui l’accompagne peut avoir raison des plus enthousiastes d’entre nous. Plusieurs spécialités accusent une pénurie de médecins, en particulier dans les communautés de taille moyenne et les communautés rurales éloignées des grands centres urbains tertiaires, ce qui contribue au surmenage chronique. Une vague de mésinformation croissante compromet l’éducation adéquate des patients et patientes, et les inégalités persistantes en matière de santé combinées à l’inefficacité du système peuvent inspirer aux médecins un sentiment d’impuissance.
En cette période particulièrement difficile pour la profession, je m’interroge non seulement sur ce qui motive un si grand nombre à continuer généreusement d’offrir temps et expertise au Collège royal, mais aussi sur ce que nous devons faire pour maintenir et cultiver cet engagement essentiel. J’ai réfléchi aux multiples conversations que j’ai eues avec des collègues médecins, ainsi qu’à ma propre expérience de membre-conseil au Collège royal.
Avant de devenir directeur général, je jouais un rôle actif dans le domaine de l’agrément, à titre de visiteur d’agrément et de président d’une équipe de visite, ainsi que de membre, puis de président du Comité de l’agrément des programmes de résidence. Je peux dire sans hésitation que ce travail de bénévolat est le plus exigeant que j’aie jamais entrepris, et beaucoup de mes collègues diraient la même chose. Qu’est-ce qui m’a poussé à continuer?
Comme beaucoup de membres-conseils avec qui j’ai parlé, ce travail me semblait important. J’apprenais invariablement quelque chose et je me sentais toujours utile. J’ai noué des liens durables avec un réseau de pairs et de collègues de partout au Canada. J’ai pu exercer des facultés intellectuelles différentes de celles que mon travail clinique ne sollicitait pas, ce qui a probablement contribué à éviter l’épuisement professionnel. Bref, ma source de motivation tenait au fait que le temps consacré à ces activités me semblait toujours sagement utilisé.
Mais l’altruisme des médecins n’est pas une ressource infinie. Pour maintenir l’engagement bénévole essentiel dont il bénéficie, le Collège royal doit constamment le mériter.
Pour moi, cela signifie optimiser le temps des membres-conseils, aplanir les difficultés, faire en sorte que le travail demeure utile et efficace et créer de véritables occasions de réseautage avec des collègues de partout au pays. La tenue de certaines activités virtuelles favorise l’inclusion des personnes dont les obligations rendent les déplacements fréquents difficiles, mais trop d’activités virtuelles peuvent entraîner de l’isolement et du désengagement. Nous tentons donc d’établir un équilibre entre la commodité des plateformes de réunions en ligne et l’esprit de communauté irremplaçable que procurent les interactions en personne.
Pour mériter l’engagement des membres-conseils, il faut aussi écouter les Associés, les Associées et les collègues, et mettre à profit leur sagesse pour améliorer nos processus et renforcer nos approches… et exprimer notre gratitude à chaque occasion.
À l’époque où j’étais directeur de programme, puis vice-doyen aux études postdoctorales, j’entendais souvent des commentaires du personnel sur ce que le Collège royal « lui » imposait, et des questions sur sa prise de décisions. Un de mes collègues aimait bien répondre à ces critiques par de sages paroles : « Le Collège royal, c’est nous. » Au cours de mes premiers mois en tant que directeur général, j’ai pu constater à quel point il avait raison. Le Collège royal n’est ni moi, ni le président, ni le Conseil, ni notre personnel expert, car nous tous et toutes, avec nos Associés, Associées et membres‑conseils, façonnons ensemble l’avenir de la formation médicale et de la pratique spécialisée.
Sincères salutations,
Chris
Chris Watling, M.D., FRCPC, MMEd, Ph. D.
Directeur général
Conseil du Collège royal (mars 2025)