Faire progresser l’apprentissage des médecins spécialistes pour offrir les meilleurs soins de santé à la population.

6 questions posées au Dr Brian Hodges, président du Collège royal

Depuis près de 25 ans, le Dr Brian Hodges, FRCPC, est un membre actif du Collège royal. Il met son expertise, ses conseils et son leadership au service d’une foule de comités et de groupes de travail — de la formation spécialisée à la recherche, en passant par les finances.

Le Dr Hodges est vice-président de l’éducation et médecin en chef au Réseau de santé universitaire de Toronto. Il est professeur à la Faculté de médecine Temerty et à la Dalla Lana School of Public Health de l’Université de Toronto. Il est aussi chercheur principal au Collège Massey. 

Alors qu’il assume son nouveau rôle de 47e président, le Dr Hodges nous fait part de ses antécédents et de ses priorités pour le Collège royal pour la durée de son mandat de deux ans. Il explique en quoi ses priorités visent à relever certains des principaux défis auxquels sont confrontés le système de soins de santé et les travailleurs de la santé au Canada. 

Dr Brian Hodges, président du Collège royal (Photo : University Health Network) Dr Brian Hodges, président du Collège royal (Photo : University Health Network)

Qu’est-ce que les Associés et les résidents affiliés devraient connaître à votre sujet?

Je tire beaucoup de fierté de mon statut d’Associé du Collège royal et de mes rôles de psychiatre en exercice et d’enseignant. Le temps passé avec la patientèle et les personnes apprenantes m’insuffle de l’énergie. Je suis médecin en chef au sein de l’un des plus grands réseaux de soins de santé au Canada. Dans le cadre de mon rôle, je suis fortement impliqué dans la gestion des crises auxquelles le Canada est confronté simultanément : la reprise après la pandémie, la crise des opioïdes et la plus grave pénurie de ressources humaines en santé depuis des décennies. Je suis passionné par la recherche en formation médicale. C’est ce à quoi j’occupe mon temps lorsque je ne travaille pas avec ma patientèle ou des apprenantes et apprenants.  

J’aimerais aussi dire que je fais partie de la communauté LGBTQ. Moi et mon partenaire Robert, un chercheur en systèmes de la santé, sommes ensemble depuis près de 40 ans. J’ai grandi en Ontario, dans un milieu où l’éducation et les soins de santé étaient prédominants — ma mère était enseignante, mon père était dentiste. Même si ma famille immédiate était anglophone, ma grand-mère était franco-ontarienne. J’éprouvais beaucoup de frustration à ne pas pouvoir participer aux conversations en français, j’ai donc pris une année sabbatique dans mes débuts en enseignement pour apprendre le français. Même si je ne maîtrise pas parfaitement la langue, j’ai beaucoup de plaisir à collaborer et à enseigner en français. 

Qu’est-ce qui vous emballe le plus dans ce nouveau rôle?  

Je suis tellement heureux de pouvoir être en contact avec les gens de nouveau! Nous avons passé trois ans confinés dans nos silos de soins de santé, faisant de notre mieux pour soigner les patients pendant la pandémie. Nous avons, ce faisant, perdu une grande partie de notre connectivité, affaibli nos réseaux de collaboration et diminué la profondeur de nos relations personnelles. La formation médicale au Canada est en ce moment au cœur d’un processus de renouveau incroyable. Je suis ravi de l’occasion de discuter de l’avenir des soins de santé et de la formation médicale.  

Le Dr Hodges, au centre, et le Dr Reznick, à droite, remettent un cadeau à la Dre Moffatt-Bruce lors d’une réception du Conseil du Collège royal en décembre 2022 Le Dr Hodges, au centre, et le Dr Reznick, à droite, remettent un cadeau à la Dre Moffatt-Bruce lors d’une réception du Conseil du Collège royal en décembre 2022

Quelles sont vos priorités pour les deux prochaines années? Qu’espérez-vous accomplir?

La Dre Susan Moffatt-Bruce a été une directrice générale exceptionnelle. Alors qu’elle assume ses nouvelles fonctions, le choix de la prochaine directrice générale ou du prochain directeur général sera prioritaire pour moi et pour le Collège royal. Je suis très heureux que le Dr Ian Bowmer ait accepté d’être notre directeur général par intérim. Ian est un leader merveilleux, généreux et collaboratif. Grâce à ses conseils pendant la transition, le Collège royal pourra continuer cet excellent travail. Nous progressons rapidement dans la création d’un comité de recherche diversifié et fortement représentatif de nos Associé·e·s, résident·e·s et membres publics.

L’évaluation et l’adaptation de La compétence par conception sont en position élevée dans ma liste des priorités. Nous sommes fiers d’être le premier pays au monde à avoir mis en œuvre une version de l’approche par compétence de la formation médicale à l’échelle nationale. Nous avons beaucoup appris durant la première phase de mise en œuvre. Pour optimiser la CPC, le Collège royal met maintenant à profit l’expertise d’éducatrices médicales et d’éducateurs médicaux de partout au Canada et travaille en étroite collaboration avec les personnes les plus impliquées dans la formation des résident·e·s afin de comprendre ce qui fonctionne bien et cerner les lacunes. Il est essentiel que le modèle fondé sur les compétences soit efficace sur le plan éducatif, mais aussi dans nos milieux de soins de santé. Les exigences cliniques et les pénuries de professionnels de la santé y sont déjà énormes et accroître la pression n’est pas l’objectif. 

Partout au Canada, on s’entend pour dire que le développement professionnel continu devrait être axé sur la qualité des soins. Le Collège royal collabore avec les ordres des médecins provinciaux pour réinventer le programme de Maintien du certificat. Nous souhaitons pouvoir mieux servir les Associé·e·s et les relier plus étroitement à la prestation de soins exceptionnels à leur patientèle. 

La situation des ressources humaines en santé fait aussi partie de mes priorités. Nous vivons l’une des crises les plus graves depuis des décennies et le problème est mondial, non canadien. Le Collège royal a apporté des changements concrets pour remédier à cette crise, notamment en accélérant la transition vers la pratique des diplômés internationaux en médecine et en réduisant certaines des nombreuses étapes requises pour l’obtention du certificat au Canada. D’autres changements sont à venir. Nous devons tout de même veiller à préserver les normes élevées que le Canada a toujours maintenues pour les médecins spécialistes. Nous continuerons d’améliorer les voies et les processus pour aider les médecins formés à l’étranger à accéder plus rapidement au système canadien, tout en reconnaissant notre responsabilité éthique de comprendre l’impact des nouveaux modèles sur la pénurie de médecins dans les pays à faible revenu.  

Sur le plan international, je suis ravi de constater que Collège royal International continue de collaborer avec des pays à faible, moyen et haut revenu partout dans le monde. Les modèles de formation, d’examen et d’agrément et le référentiel CanMEDS du Collège royal sont appréciés partout dans le monde. Je crois qu’un Collège royal « généreux » est axé sur la collaboration avec des partenaires internationaux, l’apprentissage collaboratif et l’amélioration de la formation médicale dans le monde entier.

Enfin, et ce qui est peut-être le plus important, nous poursuivrons l’excellent travail que la Dre Moffatt-Bruce et son équipe ont mené avec des partenaires de partout au Canada pour promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion, en particulier la santé des Autochtones et la lutte contre le racisme envers les personnes noires. Le Collège royal continuera d’accorder la priorité à l’intégration de ces dimensions, sans négliger d’autres dimensions de la responsabilité sociale, dans tous les aspects de ses fonctions, y compris les examens, l’agrément et le développement pédagogique. Avec l’actualisation du référentiel CanMEDS en 2025, nous avons une excellente occasion d’améliorer plus spécifiquement le rôle de promoteur de la santé. Nous travaillerons en étroite collaboration avec nos collègues du Collège des médecins de famille du Canada, qui ressentent autant d’enthousiasme que nous envers ce projet. 

Comment comptez-vous continuer de consulter et d’appuyer les Associé·e·s et les résident·e·s affilié·e·s? 

Notre transformation numérique de l’expérience des membres améliorera l’accès de nos Associé·e·s et résident·e·s affilié·e·s à notre site Web et aux services du Collège royal et comprendra de meilleures ressources d’apprentissage et un tableau de bord du programme de Maintien du certificat plus convivial. Le Collège royal continuera d’offrir aux Associé·e·s et aux résident·e·s des ressources et des occasions de participer à des initiatives populaires, comme ses travaux sur l’intelligence artificielle, la santé planétaire, l’équité, la diversité, l’inclusion et l’accessibilité. 

Qu’avez-vous observé et que retirez-vous de l’expérience de notre ancien président, le Dr Richard Reznick? 

J’ai eu le grand plaisir d’appuyer le Dr Reznick au cours de la dernière année en tant que président désigné. Je connais Richard depuis des années. J’apprécie son leadership extraordinaire et ses sages conseils. Richard est un leader incroyable qui se passionne pour la formation de grande qualité et qui dirige des changements en se fondant sur des données probantes. Il a dirigé le Collège royal durant les années les plus difficiles de la pandémie. Il n’a jamais perdu de vue l’expérience de ceux qui travaillent avec et pour le Collège royal — nos Associé·e·s, nos résident·e·s et notre personnel. 

Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontés le système de soins de santé et les travailleurs de la santé au Canada? Que peut faire le Collège royal pour faire une différence?

Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés est la crise des ressources humaines en santé. J’ai déjà abordé le travail réalisé par le Collège royal pour accélérer la transition vers la pratique des diplômés internationaux en médecine et réduire le nombre d’étapes requises pour l’obtention du certificat au Canada. 

Je dénote cependant un autre défi important en lien avec cette crise : la promotion du mieux-être et du bien-être et la lutte contre l’épuisement professionnel. Le Collège royal établit à cet effet une relation avec la National Academy of Medicine. L’objectif est de permettre l’implantation de nouvelles initiatives visant à favoriser le mieux-être et le bien-être et à atténuer l’épuisement professionnel. Bien qu’il n’y ait pas de solutions simples parce que le mieux-être et le bien-être combinent des facteurs individuels et systémiques, de nombreuses pratiques intéressantes ont vu le jour dans des établissements d’Amérique du Nord. Le Collège royal se doit d’être un champion du mieux-être et du bien-être, de la formation médicale au départ à la retraite.    


Le Dr Hodges occupe le poste de président du Collège royal de 2023 à 2025. Lisez sa biographie complète.